L’approche interculturelle, c’est l’art du vivre et du travailler-ensemble malgré ou même grâce à nos différences, grâce à notre diversité. C’est ce que l’on apprend chez les Éclaireuses et Éclaireurs de France : démocratie, laïcité, écocitoyenneté, solidarité et ouverture – des valeurs auxquelles j’adhère entièrement.

J’ai donc été ravie de cette occasion de rencontrer les Eclés de Briançon pour une formation autour de la question du conflit. Le scoutisme, ça veut dire la vie en petits groupes, des camps d’été, dans la nature. C’est la cogestion de la vie quotidienne, des projets éducatifs, des groupes de différentes tranches d’âges. Vous comprenez bien que les conflits sont inévitables. Et heureusement, d’ailleurs, car ils permettent de dépasser des moments difficiles et de souder ainsi le groupe. Ils nous permettent d’exprimer nos différences et de connaître mieux l’autre et ils nous permettent de négocier les règles du vivre-ensemble et de développer une communauté avec toutes ses particularités. Une communauté avec sa propre identité et avec un sens fort d’appartenance. Et cela se ressent fortement chez les respons’ que j’ai rencontrés lors de cette journée de formation. Dans le groupe de 10 participant-e-s (presque) tout le monde se connaît depuis l’enfance, et même si certains d‘entre eux vivent maintenant ailleurs pour faire des études, ils-elles reviennent toujours pour faire partie de cette communauté. J’ai observé une bienveillance, une proximité et une maturité remarquable dans ce groupe de jeunes respons (animateurs de branches).

Afin que je comprenne mieux leurs expériences de conflits et leurs problématiques, nous avons donc fait un état des lieux des situations de conflit qu’ils vivent et qu’ils doivent gérer dans leur rôle de respons. Il ne s’agit pas uniquement de conflits entre enfants ou ados (lutins, louveteaux, éclés et aînés), mais également entre respons, enfants et respons, ainsi qu’entre respons et la direction du camp. Il y a donc une grande diversité d’acteurs-trices et cela se reflète également dans la grande diversité des sujets de conflits. Mais nous avons pu constater 3 causes principales : la communication, l’organisation et la cohérence du cadre. Les exemples de conflits vécus par les participant-e-s nous ont servi comme exemples d’analyse tout au long de la formation.

Apprendre le conflit, c’est d’abord faire un grand travail sur soi-même et prendre du recul par rapport à sa propre posture face au conflit. Comment est-ce que je réagis dans une situation conflictuelle ? Pourquoi ? Comment est-ce que je peux identifier et exprimer mes émotions et mes besoins ?

Dans un deuxième temps, apprendre le conflit, c’est savoir intervenir dans des situations conflictuelles et développer une posture de médiateur. Est-ce que je suis la bonne personne pour intervenir ? Quand est-ce qu’une intervention est nécessaire ? Quelle est la posture à prendre ? En tant qu’équipe, qu’est-ce que nous pouvons mettre en place pour anticiper les conflits et pour adoucir la phase de confrontation dans la vie du groupe ?
Et, finalement, apprendre le conflit, c’est savoir apprendre le conflit aux autres pour qu’eux aussi puissent travailler sur eux-mêmes et progresser dans leur approche des situations conflictuelles. En tant qu’équipe, qu’est-ce que nous pouvons mettre en place pour que les enfants et les adolescents sachent mieux gérer leurs conflits ? Comment pouvons-nous leur apprendre à identifier et exprimer leurs émotions et leurs besoins ?

Il me semble que ce monde des éclés est un excellent microcosme pour apprendre le vivre-ensemble dans une société hétérogène. L’empathie, la décentration, la communication bienveillante, ce sont des outils et des compétences sociales qui s’apprennent tôt. Transformer les conflits en opportunités suppose que nous ayons envie de comprendre l’autre et d’être compris par l’autre. Cela est souvent rendu difficile dans nos sociétés d’aujourd’hui car « l’autre » est souvent quelqu’un que nous ne connaissons pas personnellement. Mais des expériences de vie en petits groupes, en micro-sociétés, nous apprennent qu’une société ne peut que fonctionner si tout le monde y trouve sa place.

C’était une journée riche d’échange de pratiques, de partage de réflexions. Je tiens à remercier le groupe de leur écoute, de leur participation et de m’avoir fait découvrir ce monde des Eclés que je ne connaissais pas auparavant.

« C’était bien complet, sur tous les aspects du conflit, de la cause à la résolution. Je pense que ça nous aidera pas mal pour la suite, notamment les nouveaux. Ça aurait mérité d’être une journée complète. C’était bien d’avoir plein de méthodes et d’outils de résolution de conflits et de prendre le temps de réfléchir ensemble aux choses à mettre en place. ( À refaire ) Julia est super cool. Elle a une motivation et un enthousiasme à toute épreuve ! Woaw ! »

Retour de Justin, respons des Eclés de Briançon

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Transformer les conflits en opportunités – avec les Eclés de Briançon